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Philippe Parrot

Avaleur d'idées, Tricoteur de mots, Agenceur de rimes !

Mais aussi, Traqueur d'émois et d'échappées...

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     Plus de dix années d’efforts (2010/2024) m’auront été nécessaires pour produire une quantité de textes susceptible de constituer, au sens où l’entend le dictionnaire, une « œuvre ». Durant cette période, mon obsession fut de présenter tous mes écrits sur mon blog. Porté par la conviction, peut-être illusoire, de fidéliser par ce biais un lectorat plus large que celui que je toucherais par des livres, je n’ai donc jamais essayé de trouver une maison d’édition, persuadé, notamment en poésie, que leur diffusion en format papier resterait limitée, voire confidentielle.

     Dès lors, décidé à m’isoler en province et à n’entretenir aucune relation avec des milieux littéraires, par nature très fermés et très parisiens, je me suis focalisé sur la création, m’imposant un rythme de travail soutenu pour présenter plusieurs fois par semaine des nouveautés sur mon site. Je craignais à l’époque que l’inspiration ne disparaisse si je cessais de me nourrir d’images !

     Avec le recul, je ne regrette absolument rien. Le choix de la solitude, du labeur et d’un mode de vie monacal m’a permis, au bout du compte, d’accoucher de :

                                            2 000 citations 
                                            1 000 haïkus,
                                            500 poèmes,
                                            200 « Mots crus, maux cuits »,
                                            100 « Ma clef dans ta main »
                                           100 « Poubelle-à-textes »,
                                           100 "De bric et de broc" (en cours...)

                                             50 poèmes rhopaliques,
                                             26 « Alphabet poétique »,
                                             10 nouvelles,
                                               1 roman


     Mais aujourd’hui où les objectifs que je m’étais fixé sont atteints, je ressens le besoin de donner enfin une matérialité à des contenus qui n’existent à ce jour qu’à l’état virtuel. Cependant, mon parti pris de ne pas passer par des éditeurs demeure, n’ayant toujours pas envie d’aller frapper à leur porte, une telle démarche me paraissant longue, épuisante et bien trop aléatoire. Vu le temps qu’il me reste, je ne voudrais pas le gaspiller en de stériles démarches ! Je préfère donc me lancer dans l’auto-édition. En conséquence, au cours des prochains mois, je vais assurer, seul, la mise en page, la publication et la diffusion de mes écrits via la plate-forme KDP (Kindle Direct Publishing). Ces précisions apportées, je vous souhaite une bonne lecture à vous...

Philippe Parrot

Pour commander ma nouvelle : « Dagaran » (N°ISBN : 979-8-882-83797-5), cliquez sur la première de couverture ci-dessous.











     S’il est un événement qui bouleverse la vie d’une femme, c’est bien de tomber enceinte. En effet, sans crier gare, un nouvel être, porteur d'un peu de la chair et du sang des deux parents, vient s’installer, au chaud, dans son ventre. Le cycle de la vie se poursuit dès lors par-delà sa personne, transcendant son individualité pour assurer la pérennité de l’espèce.

     Avec sa venue — attendrissant relais ponctuant la course du Temps — s’impose alors, avec plus ou moins de force, avec plus ou moins d’évidence, la prise de conscience que, dans cette chaîne ininterrompue, la future maman joue et jouera son rôle comme il se doit, dépositaire d’une génération nouvelle préparant le départ d’une plus vieille.

     C’est ce que décrit ce conte, sous la forme d’une allégorie de la parentalité. De la grossesse et ses neuf mois à l’après-grossesse et ses décennies ! Car, le véritable enjeu est là. Si vouloir un enfant, c’est décider de procréer, c’est aussi décider de l’élever durant des années afin d’en faire un citoyen autonome. Avec, corollaire obligé, l’idée d’accepter de ne pas l’éduquer pour qu’il « reste » mais, au contraire, pour qu’il « parte », fort des valeurs transmises.

     Telle est l’aventure que Yaëlle et Quiqueneuc, alias Dagaran, vont vivre dans la Forêt de Brocéliande, plongés au cœur des légendes bretonnes. Leur histoire met en images un constat. Qu’il est toujours difficile pour une mère d’admettre que maternité et prise en charge n’aient d’autre but que de permettre à l’être qu’elle a conçu, protégé et chéri d’acquérir assez de maturité pour — un jour — la quitter !

     Même si, aux yeux de la mère (comme du père d'ailleurs), l’enfant devenu adulte demeure à jamais, envers et contre tout, son « petit » !


                   Extrait de "Dagaran" : Tourtouilleur
            Un conte pour enfants destiné aux adultes
 
     Il était une fois un domaine enchanté, au cœur de la Bretagne, qui était couvert de chênes centenaires. Leur tronc était si vigoureux, leur diamètre si impressionnant qu’aucun bûcheron n’avait réussi à entamer le moindre millimètre de leur écorce. Gardiens intemporels — imposants par leur majesté — ils forçaient le respect des habitants de la contrée.

     Selon les rumeurs, Tourtouilleur était le digne héritier de Merlin l’Enchanteur. Après des années d’errance à travers le monde, à suivre les pérégrinations du « Balbar Circus » et à participer aux spectacles d’Hannah, il avait décidé de rentrer au pays et de s’installer près de Paimpont, au cœur des étangs du « Val sans Retour ». Toutefois, cette retraite n’était pas une sinécure. Loin de là ! En effet, il avait la lourde tâche d’empêcher quiconque d’approcher la « Mare Bleue » où la Fée Morgane venait jadis se baigner. L’eau y était si transparente qu’il ne se lassait jamais d’admirer ce qu’elle recelait. Un vase en cristal déposé sur le fond sableux à l’intérieur duquel scintillait un objet ! D’un arrondi parfait, sa surface nacrée ne lui avait jamais permis de déterminer s’il s’agissait d’une perle ou d’un galet. Seule certitude, c’était une matière d’une grande valeur sur laquelle il devait veiller.
 
     Ce jour-là, il montait la garde, assis sur une pierre près de roseaux, heureux de laisser libre cours à ses rêveries lorsqu’il détecta une présence. Qui avait l’audace de rôder dans les parages ? C’était interdit et il devait immédiatement intervenir. Il s’enfonçait dans les bois sans savoir où aller quand Palatouche, l’écureuil, s’invita, en un bond, sur son épaule.
 
     -/ Bonjour, Tourtouilleur ! C’est Yaëlle que tu cherches ! Pas vrai ?
     -/ Peu m’importe son nom ! Je ne suis pas là pour me faire des amis. J’ai un travail. Je dois éloigner les curieux, quels qu’ils soient !
     -/ Yaëlle n’est pas une « petite fouineuse » mais — j’en suis sûr ! — Celle qu’on attend. Elle s’est endormie à l’intérieur du « Chêne à Guillotin », à quelques kilomètres d’ici, et, ce que tu entends, c’est le souffle régulier de sa respiration, porté par le Suroît.
     -/ Cesse de dire des inepties ! Tu n’as aucune preuve de ce que tu avances. Je vais la réveiller sur-le-champ et lui signifier qu’elle doit retourner d’où elle vient.
     -/ N’aurais-tu pas mieux à faire que de la chasser ?
     -/ Dis donc, l’écureuil ! C’est pas toi qui vas me dicter ma conduite.
     -/ Tu sais, tout gardien que tu sois, ton devoir n’est-il pas de t’assurer, aussi, que la prédiction se réalise ?
     -/ Oui ! C’est mon devoir mais il ne m’a jamais été donné de l’accomplir.
    -/ Eh bien, aujourd’hui sera, pour toi, une journée mémorable ! L’occasion se présente enfin. Cours jusqu’à la « Mare Bleue », jette-toi dans ses eaux et fais ce que tu dois faire !
 
     Tourtouilleur était agacé que Palatouche lui donne des ordres. Toutefois, il devait reconnaître que cette boule de poils avait raison. Que l’intruse ait pu s’enfoncer sans difficulté dans son sanctuaire et parvenir près de son trésor, c’était, sans aucun doute, un signe du destin ! Car, seule l’Élue pouvait surmonter les obstacles et arriver jusqu’à là. De toute évidence, c’était « Elle » et il fallait que le miracle s’accomplisse... Il pivota sur lui-même et revint sur ses pas, accompagné du rongeur qui s’était proposé de le conduire ensuite jusqu’à Yaëlle. Arrivé à la « Mare Bleue », il plongea dans ses profondeurs et, conscient de ce qu’il accomplissait pour la première fois, il saisit le bocal, le remonta à la surface et le brandit à bout de bras.
 
     -/ Eh ! Palatouche, regarde ! Le voilà !
     -/ Allez, trêve de bavardage ! Filons rejoindre Yaëlle. Il ne faudrait surtout pas qu’elle se réveille et parte avant qu’on arrive. Les bêtes et la forêt attendent depuis trop longtemps.
 
     Trempé de la tête aux pieds, Tourtouilleur suivit son guide, se faufilant entre les arbres, les haies et les fougères avec une telle facilité qu’il eut la conviction que la Nature lui ouvrait le passage, ravie de participer, elle aussi, à l’événement.

Pour commander ma nouvelle : « Fatales données » (N° ISBN : 979-8-366-60739-1), veuillez cliquer sur la première de couverture ci-dessous.











     Cette nouvelle est un récit qui vise moins à présenter des faits qu’à incarner un parti pris. Si l’histoire commence en 2020, année qui — suite à la pandémie mondiale de la Covid 19 — obligea les gouvernements à faire du traçage de nos existences une priorité absolue, avec toutes les dérives possibles qu’un tel choix implique ; si elle renvoie, a priori, à des événements précis, il ne faut surtout pas en déduire que ceux évoqués dans ce livre se sont tous réellement passés. La plupart sont fictifs, sortis tout droit de mon imagination non seulement pour assurer une cohérence aux personnages mais aussi pour étayer la problématique de ce texte. À savoir, l’inquiétante centralisation de nos données personnelles sur des plates-formes — souvent en lien direct avec des entreprises étrangères — dont l’opacité des systèmes de gestion ne permet pas de contrôler efficacement l’utilisation marchande ou politique qui en est faite !


     Il s’ensuit que cette fiction cherche moins à rendre compte de ce qui s’est vraiment passé durant ces mois qu’à anticiper — à partir de l’évocation plus ou moins fidèle de cette période — ce qui pourrait nous « pendre au nez » dans les prochaines décennies, tant ce processus ne peut que se développer et se perfectionner.


     L’histoire de Nora, c’est donc un peu l’illustration — certes en plus dramatique — de ce que nous sommes devenus dans les sociétés modernes, numériques, centralisées et autoritaires : des « Fichiers » qui changent de main à tout-va sans que nous puissions nous y opposer, pris dans le maillage des diaboliques interconnexions de ces entités gouvernementales ou autres.  Lesquelles, au nom des intérêts d’État ou du profit, archivent ou vendent une quantité invraisemblable d’informations sur notre santé, nos appartenances religieuse et politique, nos orientations sexuelles, etc, etc, au point de pouvoir manipuler, voire briser de nombreuses existences individuelles.


     C’est pourquoi, compte tenu de l’urgence qu’il y a à identifier et à combattre ces abus, le lecteur ne doit pas se soucier de la véracité des faits qui servent de cadre à cette fable. L’essentiel n’est pas de lire ce texte en historien sourcilleux mais, plus simplement, en homme inquiet qui s’interroge sur ce que demain pourrait lui réserver.

    Extrait de "Fatales données": L’école  de tous les dangers

     « En état de choc, Nora s'était laissée glisser le long du mur pour s'accroupir, recroquevillée sur elle-même, les bras autour de ses jambes plaquées contre sa poitrine, sa tête posée sur ses genoux, encore sous le coup des propos qu'elle venait d’entendre. Elle resta là de longues minutes jusqu'à ce qu’un lourd silence gagne peu à peu le bâtiment. Quand elle comprit que le lycée s'était vidé, elle se releva, pressée de quitter les lieux. À se répéter qu'elle avait eu la chance de ne pas être frappée, elle se convainquit de passer sous silence l’agression, certaine qu'en parler à sa hiérarchie comme à Lenny, loin de la libérer, ne ferait qu’accroître son sentiment de honte...


     Au fil des jours, Nora s’était renfermée sur elle-même, déterminée à cacher son secret. Lenny qui percevait son mal-être devinait bien que « quelque chose » s’était produit. Si, de notoriété publique, enseigner dans certains lycées du 93 ressemblait de plus en plus à une « guerre de tranchées » ; si chaque cours n'était en somme qu'une « zone de non-droit » où l’adversaire se permettait tous les coups, imperméable au règlement intérieur, aux marques de civilité, aux lois de la République ; si les « frondeurs » au communautarisme affiché, au sectarisme revendiqué, se sentaient dans la toute-puissance, dans de telles conditions qui pouvait prétendre ne pas craquer ? Finalement, c’était peut-être ce qui était arrivé à Nora mais elle n’osait pas l’avouer ? Car, à devoir garder son sang-froid en toute circonstance sans jamais hausser le ton de crainte que la situation ne dégénère ; à n'avoir d'autre recours face aux trublions qu'un arsenal réglementaire limité — d’autant plus inefficace que les parents contestaient son autorité ! — c’était plausible qu’elle ait pu baisser les bras. Et s’effondrer dans la Salle des Profs, épuisée par ces combats où les valeurs qui présidaient à son enseignement étaient toutes bafouées !


     Tourmenté par ces suppositions toutes vraisemblables, Lenny avait décidé, pour lui faire oublier cette année scolaire, d’aller passer leurs congés aux USA dans sa famille qui n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer sa « French girlfriend ». Fort d’un appui à l’ambassade américaine, il avait obtenu les autorisations nécessaires au voyage malgré les restrictions imposées par le Travel Ban en ces temps de Covid. »

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Pour commander ma nouvelle : « Némo et la Fille-du-Vent » (N°ISBN : 979-8-358-26865-4), veuillez cliquer sur la première de couverture ci-dessous.









 
     Que dire de Némo ? A priori, rien ! Archétype de « l’homme sans qualités », perdu dans le dédale d’une société bureaucratique où lois du marché et algorithmes conditionnent les comportements afin de les induire ou de les anticiper, Némo — comme beaucoup — se sent dépossédé de lui-même, formaté selon des normes qui ne correspondent pas à sa sensibilité. Réduit à un rôle de simple agent dans une société productiviste ; réduit à un faisceau de données informatiques dont le contrôle lui échappe, il a la conviction d’être un rouage dans une machine, une ligne de codes dans un fichier. Loin d’être une personne, il pressent qu’il n’est personne ! Perpétuellement en quête de sens, il voudrait exister autrement qu’à travers sa fonction assignée par la société ou qu’à travers son image renvoyée par les réseaux. Il ne se retrouve pas dans ces aliénations orchestrées. À nier sa singularité et ses aspirations, elles font de lui un « clone » dupliqué à l’infini, sans identité propre.

     Individu lambda « éduqué » pour bien accomplir ses tâches et ses devoirs, voilà pourtant qu’il croise par hasard, dans une faille de l’Espace-Temps, la « Fille-du-Vent »… À l’opposé du quidam effacé qu’il est, cette femme est ouverte, animée par une irrésistible envie de vivre, si consciente de la brièveté du « passage » ici-bas qu’elle ne cherche qu’à s’épanouir, avide des plaisirs et des joies que la vie octroie à qui sait les saisir. En totale osmose avec la Nature, mandatée par les puissances de l’univers, elle sait cependant qu’elle ne pourra faire partager sa ferveur qu’à condition de donner aux hommes l’opportunité d’appréhender le monde moins à travers les logiques de la raison qu’à travers les échappées de l’âme. Cette voie vers la spiritualité, source de plénitude, la « Fille-du-Vent » l’indiquera à Némo, ne sachant s’il l’empruntera ou non, amputé qu’il est d’un cœur capable de s’ouvrir. En effet, à exécrer celui qu’il est, persuadé qu’il ne vaut rien, il ne peut véritablement s’attacher et faire qu’on l’aime en retour. Seul le choix de l’ascèse et de la méditation, à l’écart des cités, lui permettra peut-être de découvrir ce chemin qui, à fusionner chair et esprit dans un même élan, conduit à s’abandonner à l’autre, dans l’ivresse et la communion des sentiments. Tel est le défi lancé par la « Fille-du-Vent » ! À Némo de le relever ou non. L’histoire le dira…

      Extrait de "Némo et la Fille-du-Vent" : Des hôtes incongrus

     « Ils sont deux qui attendent, sereins et silencieux, installés sur le perron d’un refuge exposé au soleil et à l'abri du vent. La bâtisse est en bois, au cœur d'un coin champêtre qui se meurt en pente douce sur les bords d'un lac dont les eaux froides dissuadent de s'y baigner. Tout près d’eux qui patientent sans oser se parler, une porte vitrée attire le regard. Deux phrases sont gravées au-dessus :

                        Pouvoir, Savoir, Temps et Mort.
                        Lui ne s’impose ni ne se transmet
                       Tant il s’en échappe et s’en joue !

     Derrière l'embrasure, un rideau est tiré qui cache l'intérieur où doit régner l'atmosphère oppressante des pièces condamnées. Le tissu est épais et renvoie la lumière transformée sur le seuil en un miroir où l’azur se reflète.

     Quant à la façade, elle révèle, dans l'agencement des boiseries, des couleurs et des des­sins, les préoccupations de l'artiste qui conçut l’édifice. À hauteur des mains, un bandeau la divise en deux parties. Celle du dessous qui va jusqu’au sol : succession de rectangles, d'un bleu immaculé, qui tranchent sur le fond d’un rose saumon très tendre. Et celle du dessus qui va jusqu’aux tuiles : invite au voyage à voir les fresques — où des galions à quai se préparent à partir dans le brouillard de l'aube — peintes sur des panneaux qui s'appuient sur les fondations bleues.

     Ces surfaces se contrarient presque : l'une dans sa rigueur qui capte l'attention ; l'autre dans ses hardiesses qui élèvent l'esprit. Elles se marient pourtant : celle qui sert de base où reposer les yeux avant de les porter, au-dessus du bandeau, vers celle où les tableaux déroulent leur histoire. Le décor est travaillé, le trait délicat, l'ambiance solennelle à l'image des deux hôtes qui attendent les « Élus ».

     Ils sont là de tout temps ! Là pour être et patienter, mais aussi recevoir et révéler ! Immobiles et accueillants, ils demeurent côte à côte comme deux dignitaires, disposés de trois quart pour ne pas se faire face. Assez près l'un de l'autre pour éveiller l'amour mais assez éloi­gnés pour ne pas le pourrir ! Une noble présence, tout en tact et nuances.
Ils attendent...

     Muets ! Ils patientent, au milieu du perron, à deux pas de la porte. 
   
     Mutiques ! ils ont depuis longtemps décidé de se taire, comme si les mots, source de quiproquos, ne pouvaient que trahir leur constance. Leur allure est si noble qu'elle suffit en elle-même à révéler leur rôle. Surprenant paradoxe auquel on se laisse prendre, leur silence est « parlant » ! Il rassure les arrivants qui s'approchent en confiance.

     Immobiles ! Avec leur port austère, on dirait deux gardiens, raides dans leur tenue, qui restent en faction sans faillir. Par quel miracle, le Temps passe-t-il sur eux sans n'avoir aucune prise sur leur volonté d'attendre les invités ? On dirait que le vent, la pluie, la chaleur et le froid ne peuvent les atteindre au fil des saisons.

     Impassibles ! Leur sérénité exprime une touchante quiétude : celle des parents qui espèrent la visite de leurs enfants sans savoir quel jour ils passeront... Mais ils ne s'inquiètent guère, sachant que, tôt ou tard, des pèlerins s'arrêteront dans ce lieu propice à un retour sur soi, au cœur de la forêt. Et près d’un lac… Si froid que peu de nageurs vont vérifier la légende selon laquelle il y aurait, sur l’île, un Sage qui y vivrait !

     Hospitaliers pourtant ! Par leur posture qui reste toujours la même, ils invitent à s'asseoir en vue d’échanger. Ils ne font guère de bruit et l'on sent qu'ils demeurent concentrés sur le monde, attentifs aux voix qui leur annonceraient la venue de marcheurs, espé­rés mais si rares. D'ailleurs, les dossiers tendent l'oreille, prêts à absorber ces moments de partage dans l'entrelacs de leur structure.

     Des fils de vies… »

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Pour commander mon recueil de poésie : « Aurores et crépuscules de vies rêvées... » (N° ISBN : 979-8-379-03175-6), veuillez cliquer sur la première de couverture ci-dessous.












     « Aurores et crépuscules de vies rêvées ». Pourquoi un tel titre ? À s’inscrire dans l’écoulement d’un temps qui nous échappe et d’un espace qui nous formate, notre raison en vient trop souvent à conclure que nos vies se déploient de façon linéaire, allant par étapes successives de leur point de naissance à leur point de mort. Ainsi, de l’enfance à l’adolescence, puis de la maturité à la vieillesse, notre destin se réduirait à suivre une frise chronologique.

     Il n’en est rien ! En effet, au cours de l’existence, nous avons bien des fois l’occasion d’éprouver la sensation — perçue au tréfonds de soi — qu’on ne cesse jamais de « mourir et de revivre », tenu de faire le deuil de ce que nous étions hier afin de mieux assurer ce que nous serons demain. Ainsi, à notre corps défendant, assistons-nous à maints « crépuscules » et participons-nous à maintes « aurores » qui nous changent radicalement. Sans que les autres ne s’en aperçoivent forcément ; sans que nous-mêmes ne le distinguions clairement, nos âmes ne cessent de pâtir d’une kyrielle de « petites morts » qui les condamnent à renaître de leurs propres cendres. Sous peine de sombrer... Oui ! Au gré des aléas, tragiques ou non, du quotidien, une part de nous se doit de « disparaître », nous obligeant à « ressusciter » sous la forme d’un nouvel être avant que ce dernier ne se transmue à son tour en un autre — et ainsi de suite — transformé profondément par les rencontres ou les actions qu’il fait ou entreprend. Les poèmes de ce recueil illustrent ces incessantes métamorphoses, sous couvert de textes qui parlent d’amours, de drames, de bonheurs, de voyages, de rêves et d’attentes.

     En guise de conclusion, je souhaiterais préciser un point. Contrairement à une poésie « des profondeurs » qui, derrière un langage délibérément abscons, prétend cacher une multitude de sens, pour ma part je n’ai jamais désiré privilégier une telle démarche, convaincu que l’insertion et le décryptage d’obscurités ne sont pas synonymes de « poésie ». À l’opposé de cette approche très formelle et très élitiste, mes écrits se veulent plus prosaïques. Loin de vouloir endosser le rôle d'un « essaimeur de sens », je prends plaisir à n'être qu'un « conteur d'histoires » soucieux de produire des vers qui visent moins à masquer des significations pour inviter à leur découverte qu'à imaginer des péripéties pour susciter des émotions.

     Cependant, si ma poésie se veut essentiellement « narrative », elle n’est pas mise pour autant au seul service de la réalité. D’un tempérament plutôt rêveur, j’aime aussi concevoir des récits fantastiques où je laisse aller mon imagination sur des voies toutes plus délirantes les unes que les autres. En somme, moins poète que metteur en scène, je ne me soucie pas de « faire de la littérature » mais de « me faire mon cinéma ». Mes textes sont ainsi une sorte d’« arrêt sur image », un instantané qui évoque un parcours. Lequel — soutenu par des visions où priment le sang, le sexe, la passion et la mort — trahit la tentative un peu folle de ma part de vouloir mettre l’homme à nu, avec ses bassesses et sa grandeur…

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Pour commander mon recueil de poésie : « Cinquante nuances très rhopaliques » (N°ISBN : 979-8-843-65143-5), cliquez sur la première de couverture ci-dessous.








     Mon recueil « Cinquante nuances très rhopaliques » présente 50 poèmes rhopaliques rédigés entre février 2021 et juillet 2022. Exercice de style très singulier, j’ai découvert ce type d’écrits sur Internet et l'idée  m'est aussitôt venue d'en produire quelques-uns. Mais qu’appelle-t-on un « poème rhopalique » ? C’est un texte dont le premier vers n’a qu’une syllabe et les suivants une syllabe de plus à chaque fois. Pour ma part, à partir de la ligne 7 — constituée de 7 syllabes qui me servent arbitrairement de pivot — les vers qui la suivent ont, à chaque fois, une syllabe de moins, jusqu’à ce que je revienne à une ligne d’une seule syllabe. Une telle structure poétique forme alors un losange de 13 vers. Ci-dessus, à droite, un de mes textes présentés dans le livre !

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