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Philippe Parrot

Avaleur d'idées, Tricoteur de mots, Agenceur de rimes !

Mais aussi, Traqueur d'émois et d'échappées...

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Ma dernière publication : Dagaran
Un conte pour enfants destiné aux adultes !
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S’il est un événement qui bouleverse la vie d’une femme, c’est bien de tomber enceinte. En effet, sans crier gare, un nouvel être, porteur d’un peu de la chair et du sang des deux parents, vient s’installer, au chaud, dans son ventre. Le cycle de la vie se poursuit dès lors par-delà sa personne, transcendant son individualité pour assurer la pérennité de l’espèce.
Avec sa venue — attendrissant relais ponctuant la course du Temps — s’impose alors, avec plus ou moins de force, avec plus ou moins d’évidence, la prise de conscience que, dans cette chaîne ininterrompue, la future maman joue et jouera son rôle comme il se doit, dépositaire d’une génération nouvelle préparant le départ d’une plus vieille.

C’est ce que décrit ce conte, sous la forme d’une allégorie de la parentalité. De la grossesse et ses neuf mois à l’après-grossesse et ses décennies ! Car, le véritable enjeu est là. Si vouloir un enfant, c’est décider de procréer, c’est aussi décider de l’élever durant des années afin d’en faire un citoyen autonome. Avec, corollaire obligé, l’idée d’accepter de ne pas l’éduquer pour qu’il « reste » mais, au contraire, pour qu’il « parte », fort des valeurs transmises.

Telle est l’aventure que Yaëlle et Quiqueneuc, alias Dagaran, vont vivre dans la Forêt de Brocéliande, plongés au cœur des légendes bretonnes. Leur histoire met en images un constat. Qu’il est toujours difficile pour une mère d’admettre que maternité et prise en charge n’aient d’autre but que de permettre à l’être qu’elle a conçu, protégé et chéri d’acquérir assez de maturité pour — un jour — la quitter !

Même si, aux yeux de la mère, l’enfant devenu adulte demeure à jamais, envers et contre tout, son « petit » !

Philippe Parrot

                        Extrait de la nouvelle :  Dagaran
 
Il était une fois un domaine enchanté, au cœur de la Bretagne, qui était couvert de chênes centenaires. Leur tronc était si vigoureux, leur diamètre si impressionnant qu’aucun bûcheron n’avait réussi à entamer le moindre millimètre de leur écorce. Gardiens intemporels — imposants par leur majesté — ils forçaient le respect des habitants de la contrée.
 
Selon les rumeurs, Tourtouilleur était le digne héritier de Merlin l’Enchanteur. Après des années d’errance à travers le monde, à suivre les pérégrinations du « Balbar Circus » et à participer aux spectacles d’Hannah, il avait décidé de rentrer au pays et de s’installer près de Paimpont, au cœur des étangs du « Val sans Retour ». Toutefois, cette retraite n’était pas une sinécure. Loin de là ! En effet, il avait la lourde tâche d’empêcher quiconque d’approcher la « Mare Bleue » où la Fée Morgane venait jadis se baigner. L’eau y était si transparente qu’il ne se lassait jamais d’admirer ce qu’elle recelait. Un vase en cristal déposé sur le fond sableux à l’intérieur duquel scintillait un objet ! D’un arrondi parfait, sa surface nacrée ne lui avait jamais permis de déterminer s’il s’agissait d’une perle ou d’un galet. Seule certitude, c’était une matière d’une grande valeur sur laquelle il devait veiller.
 
Ce jour-là, il montait la garde, assis sur une pierre près de roseaux, heureux de laisser libre cours à ses rêveries lorsqu’il détecta une présence. Qui avait l’audace de rôder dans les parages ? C’était interdit et il devait immédiatement intervenir. Il s’enfonçait dans les bois sans savoir où aller quand Palatouche, l’écureuil, s’invita, en un bond, sur son épaule.
 
-/ Bonjour, Tourtouilleur ! C’est Yaëlle que tu cherches ! Pas vrai ?
-/ Peu m’importe son nom ! Je ne suis pas là pour me faire des amis. J’ai un travail. Je dois éloigner les curieux, quels qu’ils soient.
-/ Yaëlle n’est pas une « petite fouineuse » mais — j’en suis sûr ! — Celle qu’on attend. Elle s’est endormie à l’intérieur du « Chêne à Guillotin », à quelques kilomètres d’ici, et, ce que tu entends, c’est le souffle régulier de sa respiration, porté par le Suroît.
-/ Cesse de dire des inepties ! Tu n’as aucune preuve de ce que tu avances. Je vais la réveiller sur-le-champ et lui signifier qu’elle doit retourner d’où elle vient.
-/ N’aurais-tu pas mieux à faire que de la chasser ?
-/ Dis donc, l’écureuil ! C’est pas toi qui vas me dicter ma conduite.
-/ Tu sais, tout gardien que tu sois, ton devoir n’est-il pas de t’assurer, aussi, que la prédiction se réalise ?
-/ Oui ! C’est mon devoir mais il ne m’a jamais été donné de l’accomplir.
-/ Eh bien, aujourd’hui sera, pour toi, une journée mémorable ! L’occasion se présente enfin. Cours jusqu’à la « Mare Bleue », jette-toi dans ses eaux et fais ce que tu dois faire !
 
Tourtouilleur était agacé que Palatouche lui donne des ordres. Toutefois, il devait reconnaître que cette boule de poils avait raison. Que l’intruse ait pu s’enfoncer sans difficulté dans son sanctuaire et parvenir près de son trésor, c’était, sans aucun doute, un signe du destin ! Car, seule l’Élue pouvait surmonter les obstacles et arriver jusqu’à là. De toute évidence, c’était « Elle » et il fallait que le miracle s’accomplisse... Il pivota sur lui-même et revint sur ses pas, accompagné du rongeur qui s’était proposé de le conduire ensuite jusqu’à Yaëlle. Arrivé à la « Mare Bleue », il plongea dans ses profondeurs et, conscient de ce qu’il accomplissait pour la première fois, il saisit le bocal, le remonta à la surface et le brandit à bout de bras.
 
-/ Eh ! Palatouche, regarde ! Le voilà !
-/ Allez, trêve de bavardage ! Filons rejoindre Yaëlle. Il ne faudrait surtout pas qu’elle se réveille et parte avant qu’on arrive. Les bêtes et la forêt attendent depuis trop longtemps.
 
Trempé de la tête aux pieds, Tourtouilleur suivit son guide, se faufilant entre les arbres, les haies et les fougères avec une telle facilité qu’il eut la conviction que la Nature lui ouvrait le passage, ravie de participer, elle aussi, à l’événement.

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