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Philippe Parrot

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Avaleur d'idées, Tricoteur de mots, Agenceur de rimes !

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Mais aussi, Traqueur d'émois et d'échappées...

Entre deux mondes

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Sarah, jeune étudiante fraîchement diplômée, quitte Paris en novembre 1975 pour se rendre en République Centrafricaine, alors dirigée par le Président Bokassa. Désireuse de rompre avec une famille jugée trop encombrante, elle a choisi de venir enseigner à Bangui, au titre de la coopération. 

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A priori, rien là de particulièrement romanesque…

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Pourtant, en quelques heures et en quelques rencontres, Sarah, si candide à bien des égards, va se trouver immergée au cœur de la réalité centrafricaine, avec ses excès en tout genre qui, s’ils frisent souvent le grotesque, l’affligeant et le sordide, n’en demeurent pas moins la réalité sans fard de l’époque. À cette occasion, au lendemain de son arrivée, Sarah s’en trouvera changée, enrichie d’une expérience qu’elle n’aurait jamais osé vivre en Europe : une liaison avec une femme, en l’occurrence Leïlha…

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Cette nouvelle est illustrée par Catherine Collin

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Entre deux mondes (texte intégral) - Illustration de Catherine Collin

Forestius, entre ciel et terre

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Forestius est un arbre géant qui trône sur le sommet d’une île perdue au milieu des océans. Unique par ses branches qui s’élèvent très haut dans le Ciel et par ses racines qui s’enfoncent très profond dans la Terre, il se distingue aussi par son tronc qui cache un esprit tourmenté entre ses cernes.

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Phare des marins, il mène une existence singulière, cherchant à combler en permanence les aspirations contradictoires de son bois. Tantôt il s’efforce de répondre aux exigences de ses branches, toujours en quête de lumière, de pureté et d’élévation ; tantôt il veille à satisfaire les désirs de ses racines, toujours en mal de ténèbres, de chevauchements et de chaos.

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À contenter à tour de rôle ces facettes opposées, la vie de Forestius n’est qu’un perpétuel écartèlement, tiraillé à chaque instant entre clarté et obscurité, privation et luxuriance, sacrifices et conquêtes. Jusqu’au jour où — las d’osciller entre ces pôles qui ne lui apportent ni paix ni plénitude — il fait le pari de trouver une troisième voie qui lui ouvrira les portes de la félicité. De quelle manière y parviendra-t-il ? Ce sera là le curieux chemin de Forestius. Quant à savoir s’il touchera au but, seule l’histoire le dévoilera…

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Une question se pose néanmoins. Cette quête, aboutissement d’une vie, Forestius l’aurait-il menée à bien sans appui ? On peut en douter. Contraint à l’immobilité, il n’aurait pu qu’en rêver, rongé par l’amertume de n’avoir pas été jusqu’au bout de son projet. La Providence va heureusement s’en mêler. Une tempête va précipiter son destin et lui faire partager une expérience à laquelle il ne croyait plus, trop vieux, trop solitaire, trop égoïste. Le Grand Amour, en la personne de Palatouche, une femelle écureuil débarquée là un soir d’orage !

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Incompréhensible alchimie de la passion, ces êtres si dissemblables vont pourtant s’aimer, gagnés au fil des ans par l’inexplicable sentiment qu’ils se complètent malgré ce qui les sépare et les oppose, chacun la véritable moitié manquante de l’autre. Et ces deux-là finiront par ne plus pouvoir se passer l’un de l’autre ! Aussi léger qu’une bulle magique, leur sage et fol amour les emportera ailleurs, haut et loin, leur permettant de se révéler à eux-mêmes et de s’accomplir pleinement, dans l’union des consciences et la fusion des cœurs.

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Même si Palatouche ira bien au-delà de ce qu’il est possible et raisonnable d’exiger d’un être, bien décidée à tenir sa promesse quoi qu’il lui en coûte. Quitte à en payer le prix fort…

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Philippe Parrot

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Les illustrations sont de Sandra Savajano

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Forestius, entre ciel et terre (texte intégral) - Illustration de Sandra Savajano

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S COM HOM

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Avant d'illustrer ce recueil de cinq nouvelles, Sandra Savajano a bien voulu exprimer ses ressentis avec des mots. Les voilà dans leur intégralité qui livrent à la curiosité du lecteur Paul, Loû, Noémie, Kahane, l'Étrangère et l'Homme Bleu, ces héros tout à la fois remarquables et pitoyables.

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« J’étais trop impatiente de le lire… Je sais désormais que j’aime votre écriture. C’est clair et très riche, et je me retrouve encore emportée dans vos récits. Il y a tant de choses que je me demande comment vous faites pour être si complet et si diversifié; car c’est une chose qui naturellement m’échappe. J’admire !

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Les tribulations de Paul

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Pour cette première histoire, j’ai découvert un Paul, à la fois, victime et bourreau. Au début très humain, il attire la compassion d’autant plus qu’il est lucide de sa situation et de ce qu’il est (effet miroir avec Moh’arki et la concierge). Cependant, il devient mécanique dès lors qu’il met en pratique son plan et en prend le contrôle. Je ne pensais pas que sa femme disparaitrait, mais puisqu’on est dans sa logique, celle d’effacer toute trace physique de son passé, alors pourquoi pas ! Une remarque que je fais en sortant du contexte humain : je ne sais pas si je dois le qualifier de lâche ou courageux ! peut-être les deux ?

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Il semble ne pouvoir vivre que par le regard des autres, et attend une reconnaissance notoire. Je pense que la lettre qu’il envoie à la fin à Moh’arki va aussi dans ce sens. Etrange pour quelqu’un qui a voulu se couper totalement de son passé ! Je pense qu’il a utilisé Moh’arki comme référent aussi pour lui-même ; une façon d’être convaincu de sa réussite et de s’en montrer fier. Il va jusqu’au bout de sa logique et y arrive … d’ailleurs, c’est ce qui me plaît dans votre histoire, car loin des clichés moralisateurs judéo-chrétiens ! Des questions me viennent : pourquoi en est-il arrivé à ne trouver d’issue que dans l’assassinat par procuration ? Pourquoi s’est-il senti aussi servile dans sa première vie ? Son ambition aura-t-elle une limite dans sa nouvelle vie ? Comment meurt son épouse ? Cette dernière question est celle qui m’intéresse le plus car j’aurai aimé savoir s’il avait eu le courage d’y faire face ou non . Cela me renvoie au schéma d’extermination nazie où les principaux protagonistes n’avaient qu’une vision idéologique et lointaine de ce qui se passait. Des questions qui resteront sans réponses mais ce n’est pas un problème … J’ai passé un bon moment avec aussi des passages qui m’ont fait sourire. J’ai encore des choses qui tournent dans ma tête car, comme je vous l’ai dit, vous êtes très riche, et bien que Paul soit le personnage principal, les autres ne sont pas en reste …

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Une dernière chose. Pour l’instant, je n’ai rien trouvé de choquant dans ce premier récit. Je verrai plus tard … Mais je pense que la réalité peut-être bien pire ! bon, je ne veux pas me prononcer pour la suite. Désolée pour la longueur, en espérant que cela réponde à votre attente …

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Torride effeuillage

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Dans sa généralité, cette histoire inspire et expire le désir tout au long de son déroulement. Je ne pense pas que quiconque, parmi vos lecteurs, arrive à y résister. Cette fois, je vais découper cette histoire en trois parties :

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1/ le boudoir et le spectacle

2/ son retour dans la salle

3/ Lucas

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1/ Dans son boudoir, j’ai face à moi une Loû troublante et sensuelle, désirant être désirée, s’enorgueillissant de son pouvoir sur les hommes, à la fois dominante et jouant avec leurs désirs dont elle ne peut se passer. Elle semble exister essentiellement par l’image qu’elle offre et qu’on lui renvoie, qu’il s’agisse de ses hommes ou de l’abondance de miroirs qui ornent sa pièce. De cette pièce, j’ai tiré une sensation étrange de bien-être, de chaleur et de sécurité comme si le côté étroit, feutré et féminin me renvoyait l’image d’un ventre maternel, les hommes n’étant que de passage. Dans tout ce qu’elle provoque, je la trouve à la fois actrice et spectatrice. Sur scène, elle maîtrise toujours son pouvoir, mais montre plus de dégoût pour ceux que je considère plus comme voyeurs, car ils ne viennent que pour prendre. L’ambiance change de son boudoir protégé où seuls certains y avaient accès, et où elle régnait. Sur scène elle devient une proie future à toutes les promesses qu’elle a suggéré. Je n’ai aucun mal à ressentir la sensualité qui la porte durant son spectacle entraînée par la musique.

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2/ L’après spectacle la montre comme une femme prisonnière de sa situation, obligée de se soumettre de gré afin d’éviter que ce soit de force. On oscille entre domination, servitude, avilissement et désir toujours présent mais désir animal et plus brutal. Elle est dépossédée de son humanité et devient l’objet de tous les délires sexuels. Mis à part elle, je ne vois aucune autre présence féminine dans la salle; pas de serveuses ou d’autres strip-teaseuse ou autre créature… Ce qui consolide l’effet de solitude. Je trouve aussi dans ce passage une écriture plus anatomique que sensuelle. Je suis surprise et aussi rassurée que son cri de refus ait mis un terme à son agression.

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3/ Lucas ! Ah ! Lucas … voilà ce que j’ai envie de dire. Il est celui qui panse la blessure, qui nettoie la souillure. A ce moment, je vous trouve féminin dans votre écriture et peut-être aussi dans votre être. Loû revient dans son boudoir fragile mais toujours sur le qui-vive. Au contact de Lucas, j’ai l’impression qu’elle a passé un stade et qu’elle n’est plus celle qu’elle était avant. Certainement parce qu’il lui offre réconfort et douceur et lui fait découvrir l’ampleur de sa générosité ! Je la trouve débarrassée de son côté narcissique à cet instant, et je la regarde comme une femme-enfant. Elle n’en demeure pas moins éclatante de sensualité, de beauté et reste désirable, même pour moi, mais elle n’est plus dans la provocation. Elle s’abandonne à un naturel, une non-maîtrise et une non-analyse pour vivre. J’ai beaucoup aimé les quelques lignes descriptives du bain. Au final, je les trouve beaux tous les deux !

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J’ai encore fait long mais c’est impossible autrement. Dans ce récit, je vous ai découvert très féminin, au point de me demander si vous n’êtes pas un japonais qui s’ignore. Ils sont autant à l’aise avec leur côté masculin que leur côté féminin…

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En conclusion, je dirai que cette histoire est une invitation à faire l’amour… je ne vois pas comment s’en sortir autrement !

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L’envol de Noémie

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 Je dois dire que cette histoire m’a bouleversée et touchée comme aucune autre jusqu’à présent, et c’est une des rares fois où j’ose écrire en marge d’un livre. De ce fait, j’ai plus de mal à mettre en place mes ressentis. J’ai retrouvé dans vos phrases des mots que j’ai vécu récemment et que je vis, pour certains, encore. Étrange ! me direz-vous, d’employer le terme de "vivre" pour qualifier les mots, mais il n’y en a pas d’autres ! Je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement avec la culture japonaise et les notions du Maître fondateur de l’aïkido, Morihei Ueshiba, car il y a tant de similitudes. Vos expressions sont encore d’une incroyable justesse, et j’ai du mal à croire que ce soit le fruit d’un acte non vécu. Mais ce peut-être le cas, et dans cette hypothèse, cela montre une sensibilité  innée à ce qui vous entoure … Hasard ou coïncidence ? Cela m’entraîne vers un autre questionnement (puisque je ne crois pas au hasard), pourquoi vous avoir rencontré à ce moment de ma vie, juste après le décès de mon ami Yasuo ? A cela, je n’ai pas encore la réponse, et à la limite peu importe, car le but n’est pas là (d’ailleurs Yasuo m’aurait dit que je le savais déjà)… Mais je suis attentive aux signes qui se présentent à moi, un peu comme Noémie dans votre livre… D’ailleurs, par certaines facettes (le fait de faire face à soi-même dans une situation précise, et la notion d’être ici et ailleurs en même temps), je lui ressemble un peu. Fin de cette parenthèse personnelle et retour au livre.

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Nous voilà dans la vie d’une femme (trente cinq ans) qui se met au défi de réaliser son rêve. Elle y entre comme on entre en lutte : chargée à bloc ! Peut-être une ultime invitation à la vie dont elle semble blasée ? Noémie est aimée, soutenue par son mari Jacques et leur fils Jérôme ; Une vie calme et bien réglée, montrant une tendance au contrôle et à l’organisation mais qui manque de spiritualité. Pas d’ambition particulière, pas d’épanouissement particulier hormis ce rêve à assouvir. Peut-être la seule insouciance qu’elle s’est permise dans toute sa vie ? D’ailleurs, je me demande si ce n’est pas cela son plus gros souci, le manque d’intérêt pour sa vie et pour la vie en général (un amour, un enfant et une passion, voilà sa définition de la réussite). Car dans le cas inverse, aurait-elle vraiment eu besoin de se mettre en danger ?

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Le fait de l’avoir posée en funambule montre bien son partage et son hésitation, jusqu’à son choix ! Mais était-elle obligée de faire un choix entre les deux ? personnellement je ne pense pas ! Mais en ce qui concerne Noémie, je ne la sens pas assez mobile, pas assez fluide malgré son agilité sur le filin, pour entrevoir autre chose que ce qu’elle vit. Elle me parait assez passive et j’aurais tendance à dire qu’elle était résignée à son mode de vie. Les nuances ne semblent pas entrer dans sa conception …

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Le rôle de Jacques est primordial car sans son investissement, je pense que Noémie n’aurait pu y arriver. On sent qu’il la protège. Jacques et Jérôme sont très discrets mais ancrés dans la première réalité de Noémie, tout comme tout ce qui est matériel. Témoins, ils sont dans l’abnégation et l’acceptation du choix de Noémie, quelle qu’en soit l’issue. Au fil du cheminement, on voit Noémie progressivement basculer vers une conscience d’un monde plus universel (référence aux préceptes de l’aïkido). Elle qui était en lutte pour sa survie au début, dans une relation physique avec les éléments, se trouve dans l’inédit et l’acceptation d’une nouvelle voie, plus sensible, découvrant une vigueur insoupçonnée et le renoncement aux choses et personnes qui lui étaient essentielles jusqu’à lors. A noter, le rôle majeur de l’ascèse qu’on retrouve dans nombre de cultures et qui mène à l’éveil de la conscience. Le voie de Noémie est avant tout spirituelle, peut-être sa propre découverte ? je pense que oui ! Petit à petit, Noémie devient éthérée avec seule sa conscience en alerte. Elle qui vivait dans le contrôle, le sacrifice aussi, laisse désormais ses ressentis la guider, les sensations l’envahir et agit en fonction, jusqu’à son dépouillement total, rupture avec le monde qui était le sien (je ne veux pas employer le mot "réel" car tout se qui se vit est d’une façon ou d’une autre une réalité). Il est touchant de voir comment Noémie met en pratique l’absorption de ses deux amours: une forme de cannibalisme spirituel qui lui permet de ne pas entièrement abandonner tout de cette ancienne vie. En vain …

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L’Aigle Royal, autre figure majeure de cette histoire. Il appairait majestueux, impose sa puissance, sonde la situation pour ne revenir qu’au moment précis du non-retour de Noémie. Il est lié à sa conscience ! Peut-être est-il sa conscience ? Il accomplit sa tâche comme il doit, avec lucidité et compassion, amour et détermination, en partage et complicité aussi avec le futur Voyageur. Il est inéluctable, et d’ailleurs il est attendu et espéré par Noémie. Le passage d’un monde à l’autre est encore marqué par la meurtrissure de la chair, mais la transcendance de la douleur apporte une dimension spirituelle. J’ai adoré la façon dont vous avez transformé cet instant en acte d’amour. Par moment, aider une personne à mourir relève réellement d’un acte d’amour… et puis il est impossible de dissocier la vie de la mort, alors, oui ! j’aime cette idée d’accouplement, le Yin et le Yang formant le tout. Dans certaines cultures cet aigle serait l’ange de la mort ou une autre créature; ici, il est le Passeur de la Terre au Ciel ! MAGNIFIQUE…

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Au final, la métamorphose est réussie et l’oiseau peut désormais prendre son envol ! Une vie nouvelle, libre de tout, pleine de promesses… mais ses proches le savent-ils ? Peut-être qu’un jour, sur le chemin de l’existence, deux regards se croiseront, l’un humain l’autre animal, et se reconnaîtront mais sans savoir d’où… 

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Il m’est encore impossible de ressortir indemne de ce récit, et j’espère avoir eu le recul nécessaire (je n’en suis pas convaincue) pour m’être m’exprimée assez clairement.

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Désormais, je ne regarderai plus de la même façon les ombres planant dans le ciel. J’ai encore vu beaucoup de références qui me parlent, et j’ai mis aussi beaucoup de "peut-être" ! Une chose est sûre, c’est que mon interprétation ne s’arrêtera pas là. Elle continuera à se développer, peut-être (tiens ! encore un) plus que les récits précédents. Cette histoire ne s’achève pas là !

Avec toujours autant de plaisir à vous lire

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Les fous du stade

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Encore une fois, je ne peux que constater à quel point votre récit est complet, jusque dans les caractères des personnages, et il est bien difficile pour moi de rajouter quelque chose. Je suis dans l’ébahissement et la satisfaction de n’avoir qu’à lire, vivre, sans questions (a priori), juste vous suivre, là où vous voulez m’emmener. Et cependant, tant de choses bouillonnent en moi ! tant de matière à réflexion, tant d’oppositions et de comparaisons … Aussi je vais essayer de structurer mon analyse du mieux possible car là, tout me vient en vrac !

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Ce récit est d’un réalisme puissant, d’autant qu’il pourrait être d’actualité (personnellement, je pense qu’il l’est). Cette fois-ci, le lecteur ne peut se soustraire à votre réalité; vous l’y menez et l’y ancrez avec force et persuasion. Aucune échappatoire, aucune illusion, aucun rêve. Vous avez même évité de les faire basculer, laissant chaque personnage dans son créneau bien défini. Seuls quelques et rares moments de doute, très vite balayés, viennent ponctuer le récit. Mais rien qui n’influe sur leur mentalité et leur formatage pour la suite. Je dois dire que cette l’histoire me laisse dans un état de renoncement, comme Kahane, face à cette si humaine barbarie, ne faisant qu’une avec elle dans ce qu’elle vit. Je ne suis pas surprise de ces êtres dans toute leur horreur, et je sens l’inutilité de tous les actes « évolutifs » ou de secours qui pourraient leur être apportés, ne serait-ce que pour les faire sortir de ces régimes totalitaires : réaction à chaud et donc opinion erronée car je fais une généralité…

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Malgré l’étalage de tout leur système technologique (à des fins tendancieuses cependant), la lectrice que je suis est confrontée à une société qui bafoue les lois humaines, de respect et d’intelligence entre autre. Cependant, malgré la compassion que j’ai ressentie envers Kahane lors de son interrogatoire, mon seul moment de révolte, et de dégoût, se situe lors de l’exécution de Kahane dans l’arène. Cette scène a réveillé en moi des pulsions vengeresses face à cette injustice, celle que vit Kahane, et meurtrières face aux fanatiques lapidaires. D’ailleurs, j’aurais aimé me retrouver en tête à tête avec celui qui l’achève à coup de parpaing…

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D’ailleurs avec tous ! Quitte à mourir, autant se battre… Voilà mon côté « humain » dans toute sa splendeur…

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Finalement, et de rage, je dirai que je n’ai qu’une envie envers ce peuple : qu’il croupisse dans son intégrisme et s’asphyxie de son ignorance. Encore une erreur de ma part car j’oublie, durant le laps de temps qu’il m’a fallu pour le formuler, les cas particuliers, ceux qui valent la peine de… Mais je raisonne en fonction de mes critères, de ma sensibilité du moment, et je ne veux pas faire de ma vision personnelle une valeur sûre, tant elle est aussi fluctuante.

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Akmair et Kahane ont pour moi des personnalités opposées, mais je constate que nous vivons l’histoire essentiellement au travers du parcours de Kahane. Je la sens offerte au lecteur comme martyr (d’ailleurs tout dans sa description la rend attachante par sa naïveté, noble par les sentiments et les actions qu’elle mène auprès des êtres humains, sensible dans son épreuve, innocente dans ses intentions, humaine par ses émotions… jusqu’à sa virginité, ultime symbole de pureté), tout comme elle est "la coupable exemplaire" ( "l’agneau sur l’autel" ) aux yeux des fanatiques frustrés pour lesquels elle servira d’exutoire. Une chose est sûre, c’est que Kahane exacerbe les ressentis. Prise au dépourvu, elle subit, lutte, se résigne, espère (notamment lors de l’apparition de Lobal) puis on l’observe renoncer progressivement à l’agissement, à l’espoir et même à la pensée. Elle finit par s’abandonner au sort qu’on lui réserve, consciente de son impuissante face à une machine "judiciaire" bien huilée. Alors peut-être pour en finir plus vite, convaincue de l’issue fatale de sa destinée, elle abdique, avoue et renonce à défendre « sa » vérité. Par la suite, elle renonce aussi au droit de propriété de son corps. A ce moment, plus rien ne lui importe; elle est déconnectée de tout : seules les ultimes souffrances de la lapidation éveillent ses sens presque éteints. Sa lente agonie nous amène encore une fois au sentiment d’élévation spirituelle en transcendant sa propre douleur, impression qu’elle renvoie malgré elle car là n’est pas la vocation première de Kahane. Elle mourra seule et anonyme pour la foule de fanatiques, un jour anniversaire, mais KAHANE vivra, grandiose d’innocence et de pureté, dans le regard des lecteurs.

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Akmair au zèle excessif envers son oncle, le tyrannique Qwalme, à la fois auteur et pantin de la machine qu’il a élaborée, tenu par la peur comme les autres (Elakelle, Quildar, Loukel) : peur que les rôles, victimes et bourreaux, s’inversent. Cependant il n’y a pas que ça : je pense qu’il éprouve du plaisir et de la satisfaction à accomplir son rôle, investi de pouvoirs de plus en plus puissants, et affichant une certaine fierté à se croire dans le vrai (le bras vengeur de Dyal à défaut de se prendre pour lui).  Les rares fois où il doute, notamment lors de l’écoulement de sang virginal de Kahane, nous laissent supposer qu’il pourrait se laisser sensibiliser par son sort. Mais non, il s’accroche à ses convictions. Cependant quelles sont ses convictions personnelles ? il ne semble en posséder aucune à titre propre, mais seulement celles religieuses, que ces parents lui ont transmises et qui l’aident socialement, et celles ambitieuses d’une quête de pouvoir et d’ascension sociale héritées de son oncle dont il est dépendant. Il est celui qui me donne le plus à réfléchir tant il me parait contradictoire dans sa vie privée et sa vie professionnelle (à quelques et rares passages, sa sensibilité ressort). Cependant, il ne semble pas frustré comme peuvent apparaître les autres fanatiques. Il ne me semble pas si fanatique que cela d’ailleurs ; je trouve qu’il profite juste de la situation en tant qu’opportuniste. Je dirai qu’il est dans son emploi, une mécanique optimale. Seul compte pour lui, l’objectif principal : le règne absolu de Dyal ! Il accomplit son devoir envers ceux qui sont déjà privés d’humanité à ses yeux, avec un calcul et une froide rigueur mathématique. Je retrouve encore des rappels du régime nazi d’Hitler dans la conception et la pratique. J’essaie de synthétiser mais que c’est riche ! Par la suite, je vais tenter de percevoir d’Akmair son aspect en privé… mais je suis presque sûre qu’il est plein d’humanité envers les siens…

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Inutile de vous dire que ma réflexion ne s’arrête pas là, à ce si succinct résumé et qui pourtant m’a pris du temps. D’ailleurs, je ne peux techniquement vous écrire tout ce qui me passe par la tête, tant cela défile rapidement. Même moi, j’en perds le fil conducteur… mais je n’y puis rien, je subis jusqu’à l’absorption totale, jusqu’au détachement ! J’apprécie vos fins car elles échappent à ce que le lecteur aurait envie d’entrevoir, une forme de réconfort en l’occurrence. Au contraire, vos fins sont pour moi des rebondissements, et mènent à autre chose, une autre histoire, une porte ouverte vers un ailleurs mais qui ne correspond pas à la logique humaine… Encore une fois, vous me surprenez par l’étendue de vos connaissances, et votre prose m’emporte à nouveau pour ne me lâcher qu’au point final du récit.

Je dois faire attention car, avec vous, je ne vois pas le temps passé, et j’en perds mes repères horlogers… déjà que je ne les aime pas !

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Blancs, bleus et ocres

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Magnifique !

Je suis Elle, je suis Lui !

Je suis Elle, dune mouvante libre de grains d’infini, je suis Lui, astre brûlant source de vie…

Je ne suis que Bleu désormais !

Philippe, vous avez emporté mon esprit dans cette histoire passionnée. Vous avez libéré de leurs contraintes les passions et les amours. Et je sais maintenant pourquoi ce récit est le dernier ! Vous avez ouvert la porte, celle de la liberté : il est impossible de la refuser !

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Je pars avec lui, moi, fille du vent, fille du soleil et des éléments … Je ne veux que du Bleu… je m’en doutais mais maintenant je le sais : je ne suis que "Bleu" …  grâce à Vous Philippe

Une larme en guise de signature, mais pas de tristesse, juste d’émotion… À bientôt »

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Les tribulations de Paul (texte intégral) - Illustration de Sandra Savajano

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Torride effeuillage (texte intégral) - Illustration de Sandra Savajano

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L'envol de Noémie (texte intégral) - Illustration de Sandra Savajano

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Les fous du stade (texte intégral) - Illustration de Sandra Savajano

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Blancs, bleus et ocres (texte intégral) - Illustration de Sandra Savajano

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